Hommage
Rencontre au Sud
Ahmad Barakat (1960-1994)
Hommage, en France, au poète marocain Ahmad Barakat
Dans le cadre de ses rencontres poétiques annuelles « Rencontre au Sud », l’association française Humanisme et culture présidée par les poètes Nicole Drano et Georges Drano rendra hommage cet été à deux poètes qui nous ont quittés : Ahmed Barakat (Maroc) et Salvador Espriu (Espagne).
Ces rencontres qui se dérouleront à Grabels le 6 août et à Frontignan le 7 août, inviteront cette année les poètes Mohamed Miloud Gharrafi (Maroc) et Jaume Pont Ibanez (Espagne). Chaque poète lira des extraits de ses œuvres poétiques et rendra hommage à un poète choisi de son pays.
Les textes d’Ahmed Barakat sont traduits par Mohamed Miloud Gharrafi qui lira : Je n’aiderai pas le tremblement de terre, La vendeuse de pain, Voici la chaise, Fini le chemin, Métaphore du jaune.
Les Rencontres des Sud sont organisées avec le soutien des Mairies de Frontignan et de Grabels et de la revue Souffles dirigée par le poète Christophe Corp.
بائعة الخبز
ماذا لو نسيت أن تخرج
و جاع المارون
و الصاعدون للغرف العلوية
ماذا لو لم تخرج
وماتت ؟
La vendeuse du pain
Qu’adviendra-t-il
si elle oublie de sortir ?
Si les passants
et ceux qui montent dans leurs chambres hautes
ont faim ?
Qu’adviendra-t-il
si elle ne sort pas
ou meurt ?
et au poète espagnol Salvador Espiriu
Salvador Espriu (Espagne, 1913-1985)
« Cimetière de Sinera (1946) et Les Heures (1952-54) évoquent en effet dans un registre élégiaque un monde détruit à tout jamais par la guerre civile et la disparition d’êtres bien-aimés : le “monde perdu” de Sinera, espace mythique qui jusque dans sa réalité typographique est comme l’envers de la ville réelle d’Arenys de Mar, berceau de la famille Espriu. À l’opposé, dans Semaine Sainte (1971), la Passion du Christ et les cérémonies religieuses qui la représentent débouchent sur des “méditations de la mort” d’une autre nature, traitées cette fois-ci sur le mode grotesque : misère du peuple de Sepharad – figuration d’un peuple espagnol brisé par l’ “exil intérieur” comme le peuple juif par la Diaspora – ; et encore au-delà misère d’une condition humaine que l’existence de la mort voue à une fondamentale absurdité. »
Extraits :
I
Par les ravines descend le char
du soleil, venant de crêtes
de fenouils et de vignes
que j’ai toujours en mémoire.
Je vais parcourir l’ordre
de verts cyprès immobiles
dominant la mer calme.
II
Quelle petite patrie
encercle le cimetière !
Cette mer, Sinera,
collines de pins et de vignes
poussière de ravines. Je n’aime
rien d’autre, si ce n’est l’ombre
voyageuse d’un nuage.
Le lent souvenir des jours
qui sont passés à jamais.
http://www.jose-corti.fr/titresiberiques/cimetiere-de-sinera.html